Socioeconomic Homogamy in the European Union:

Assessment of ESeG Level 1 Prototypes
and Indications Regarding Level 2 Categories

Using Data from the European Labour Force Survey

Milan Bouchet-Valat

Taking homogamy as an index of the objective and subjective consistency of social groups, we consider that the best classification as regards this particular criterion is the one with which the measured degree of homogamy of socioeconomic groups is the highest. According to this principle, and measuring homogamy using a marginal-free index derived from odds ratios, the first prototype is to be preferred for 22 out of the 23 countries of the European Union we study. This is due to the very strong homogamy of the group of the least-skilled occupations (7-LES) when taken in its strictest definition; the broader definitions retained by prototypes two and three dramatically decrease the measured homogamy of this group. Other categories are not significantly affected by the variations between prototypes.

We then turn to a finer exploration of the level 2 ESeG categories, which also provides further guidance about the definition of level 1 groups. We start from a detailed ad-hoc classification made up of 53 categories, crossing one- and two-digit ISCO groups, activity sector (NACE Rev 2) and number of employees. Using a log-multiplicative association model with layer effect (RC-L), we evidence three major dimensions of the European socioeconomic space.

A few salient conclusions can be drawn from this model. Regarding the managers (1-Man), self-employed and salaried are clearly separate; among self-employed managers, the number of employees is an important line of divide.Among professionals (2-Pro), a distinction between private sector and public or social sector categories seems to be the most relevant. Withinthe self-employed (3-Ind), farming and non-trades tertiary activities are opposed, and well distinct from craft and trades. Drawing the line between intermediate occupations (4-PI) and skilled white collar workers (5-WCS) proves quite difficult; what is clear is that ISCO major group 4 should not be split, and instead be included in full into intermediate occupations. ISCO major group 5 is relatively detached from groups 3 and 4 for women, but not so clearly for men. Finally, while the group of the least skilled occupations (7-LES) is again quite separate from skilled blue collar workers (6-BCS), gendered differences are too strong to allow for a finer analysis; we can only note that some categories of the ISCO major group 7 appear closer to the least skilled group.

As a final step, we show that the studied European countries share a common structure of the homogamous association, with quantitative rather than qualitative differences. Countries differ up to a factor of 3 with regard to the strength of the social status scale, and much less with regard to other, secondary dimensions. Founding or ancient European Union member states do not differ in any systematic way from those who integrated recently; rather, Northern countries exhibit a weakest homogamy, while the reverse is true Southern or Latin countries. We conclude that describing the whole “European society” using a common socioeconomic classification appears to be justified to a large extent.

L’homogamie socio-économique dans l’Union européenne:
Évaluation des prototypes du niveau 1 d’ESeG
et indications concernant le niveau 2 à partir des données
de l’Enquête européenne sur les forces de travail

Milan Bouchet-Valat

En prenant l’homogamie comme un indicateur de la cohérence objective et subjective des groupes sociaux, nous considérons que la meilleure classification, du point de vue de ce critère particulier, est celle avec laquelle l’homogamie des groupes socio-économiques apparaît comme la plus élevée. Suivant ce principe, et en mesurant l’homogamie selon un indice indépendant des marges dérivé de l’odds ratio, le premier prototype doit être préféré, et ce pour 22 des23 pays de l’Union européenne étudiés. Cela est dû à la très forte homogamie du groupe des moins qualifiés (7-LES) lorsqu’il est considéré dans sa plus stricte définition; les périmètres plus larges retenus par les prototypes deux et trois réduisent très nettement l’homogamie mesurée pour ce groupe. Les autres catégories ne sont pas affectées de manière notable par les variations entre prototypes.

Nous nous tournons ensuite vers une exploration des catégories du niveau 2 d’ESeG, qui offre une aide supplémentaire pour la définition des groupes de niveau 1. Nous nous fondons sur une classification ad hoc détaillée en 53 postes, croisant les groupes ISCO de niveaux 1 et 2, le secteur d’activité (NACE Rev 2) et le nombre d’employés. En utilisant un modèle log-multiplicatif d’association avec effet de couche (RC-L), nous mettons en évidence trois dimensions majeures de l’espace socio-économique européen.

Quelques conclusions principales peuvent être tirée de ce modèle. Concernant les managers (1-Man), les indépendants et les salariés sont nettement séparés; parmi les managers indépendants, le nombre d’employés est une ligne de clivage importante. Au sein des spécialistes (2-Pro), une distinction entre catégories du secteur privé et catégories du secteur public ou social semble la plus appropriée. Parmi les indépendants (3-Ind), l’agricultureet les services non marchands s’opposent, et se distinguent clairement des commerçants et artisans. Tracer une frontière entre professions intermédiaires (4-PI) et employés qualifiés (5-WCS) se révèle assez difficile; il est cependant clair que le groupe majeur ISCO 4 ne devrait pas être divisé, mais plutôt inclus en totalité dans les professions intermédiaires. Le groupe majeur ISCO 5 est relativement détaché des groupes 3 et 4 chez les femmes, mais pas aussi clairement chez les hommes. Finalement, alors que le groupe des professions les moins qualifiés (7-LES) est ici encore bien séparé des ouvriers qualifiés (6-BCS), les différences de genre sont trop importantes pour permettre une analyse plus fine; nous pouvons seulement noter que certaines catégories du groupe majeur ISCO 7 semblent plus proches du groupe des peu qualifiés.

En dernier lieu, nous montrons que les pays Européens étudiés partagent une structure commune de l’association homogame, avec des différences quantitatives plutôt que qualitatives. Ces pays diffèrent au maximum d’un facteur 3 en ce qui concerne la force de l’échelle de statut social, et beaucoup moins en ce qui concerne les autres dimensions, plus faibles. Les États fondateurs ou membres de longue date de l’Union européenne ne diffèrent pas de manière systématique de ceux qui l’ont intégrée récemment; les pays du Nord présentent l’homogamie la plus faible, alors que c’est l’inverse pour les pays du Sud ou latins. Nous concluons que la description de la «société européenne» prise comme un tout à l’aide d’une classification socio-économique commune semble dans une large mesure justifié.