ARIMNET Project

WP1, Task 1,2

CIHEAM-IAMM Contribution

DRAFT VERSION – 2014/06/04[1]

REVIEW OF PROSPECTIVE STUDIES

FOR MEDITERRANEAN AGRICULTURE

IMPLICATIONS FOR AGRICULTURAL RESEARCH

Michel PETIT, CIHEAM - IAMM

Fatima EL HADAD-GAUTHIER, CIHEAM-IAMM, UMR MOISA

1- Introduction

The purpose of this note is to present a synthetic review of the prospective studies conducted for Mediterranean agriculture in recent years. This is designed to contribute to the elaboration by the Scientific and Strategic Advisory Board (SSAB) of an “integrated strategic research agenda”, the first objective and the first ‘Deliverable’ of the ARIMNET project, as foreseen in the project DOW document. More precisely, this note is a contribution to Task 1.2 of the first WP: “Synthesis of Foresight studies in Med Area”. Although the final research agenda is to be ‘integrated’ and to cover the whole Mediterranean region, this note is focussed on Southern and Eastern Mediterranean countries (SEMCs) because many foresight studies are restricted to this subset of countries. Obviously, the regional integration with trends and concerns in Northern Mediterranean countries (NMC) will have to be undertaken in a subsequent step but an effort is made here to at least speculate on commonalities and convergence with NMC issues as reflected in several exercises similar to this project such as the FACCE, and JPI Water projects.

The scope of this note is wide, taking agriculture in its broadest sense, including livestock production, rural development issues and the management of the natural resources used in agriculture, which means that often analyses can not be restricted to the agricultural sector alone. It is interesting to note that there are many commonalities and convergences among the various foresight studies reviewed here. This will facilitate the task of synthesizing, which is the main purpose of this note. But one major difficulty remains: how to derive the implications of these studies for the formulation of a research agenda expressed in precise enough terms to be operational.

Given these considerations, the outline of this note is straightforward. We will first review the foresight literature, including well known studies or projects such as MEDITERRA, PARME, MEDPRO, etc.). We will then present an assessment of the strategic stakes for the elaboration of a research agenda in light of the review just mentioned and of the literature review done for the recently completed SUSTAINMED project as reflected in a forthcoming book to be published by Springer.Finally, the implications of this analysis for the formulation of a strategic research agenda for the whole Mediterranean region will be explored.

2- Main foresight studies reviewed

The relevant literature is abundant, as illustrated by the list of references in the appendix. Fortunately, these studies reflect a broad consensus on the major challenges to be faced by SEMCs in the forthcoming decades and also on the seriousness of these challenges. The main points of this consensus will be synthesized in the next section of this note. But first, a brief description of the main studies done in recent years will be given here.

Standing Committee on agricultural research (SCAR) – The 3rd SCAR foresight report – Sustainable food consumption and production in a resource-constrained word (2011)

Cette troisième étude du SCAR présente les tendances lourdes dans le secteur agricole et agro-alimentaire et identifie des priorités de recherche pour assurer une transition agricole et agro-alimentaires.

Diagnosticconsensuel : une demande alimentaire mondiale en croissance, pression sur les ressources naturelles, impacts environnementaux des modèles de production et de consommation non durables, vulnérabilité des systèmes alimentaire, perte de la biodiversité, changement climatique qui s’accompagnent de fortes incertitudes, risques majeurs en terme de sécurité alimentaire, aggravation de la pauvreté, effets sur le commerce international et risques de déstabilisation sociale et politique. Dans ce contexte les critères de durabilité sont encore insuffisamment pris en compte dans les politiques publiques.

Ce diagnostic appelle inévitablement un changement radical à la fois au niveau de la demande et de l’offre avec la nécessité d’accroitre l’efficience et la résilience des systèmes alimentaires. Il s’agit de mettre en œuvre de manière urgente une transition vers des systèmes alimentaires durables à travers une approche systémique qui prend en compte la complexité des écosystèmes, l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire, le rôle des politiques publiques et l’interaction des problématiques actuelles et défis futurs.

Conditions majeures pour assurer une rapide transition agricole et alimentaire vers un nouveau modèle:

-  Investissements massifs dans la recherche, l’éducation, et l’innovation dans le secteur public et privé

-  Soutenir les innovations technologiques, sociales

-  Promouvoir de nouvelles formes de gouvernance et de régulation économique auprès de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire

Les principales priorités de recherche:

Développement et adoption de nouvelles technologies pour encourager des systèmes de production durables, résilients, et capables d’accroître la production. La priorité doit être donnée aux systèmes de production qui intègrent des savoir-faire traditionnels et aux pratiques respectueuses de l’environnement (agriculture biologique, agri-écologie,…). Des approches pluridisciplinaires doivent être mobilisées.

Meilleure connaissance des impacts socio-économiques, culturels de l’adoption de nouvelles technologies et pratiques de production innovantes. Ces aspects sont aussi importants que la dimension technique.

Consommation durable et réduction gaspillagetout au long de la chaîne alimentaire: transition vers de nouveaux comportements de consommation, renforcer l’efficacité tout au long de la chaîne alimentaire (production, conservation transport,…consommation).

Mediterra 2008 «Les futurs agricoles et alimentaires en Méditerranée» (CIHEAM)

Les analyses du Ciheam soulignent le caractère stratégique de l’agriculture en Méditerranée et le rôle majeur de ce secteur comme moteur de la coopération régionale euro-méditerranéenne. En particulier, le rapport Mediterra 2008 propose une prospective de la situation agricole, alimentaire et des territoires ruraux en Méditerranée à l’horizon 2020. Les analyses de cet ouvrage présentent les dynamiques à l’œuvre, les scénarios possibles et les propositions pour l’action.

Le rapport identifie cinq chantiers prioritaires nécessaires à la construction d’une agriculture méditerranéenne plus durable et plus solidaire à l’horizon 2020. Ces chantiers sont les suivants:

1.  Maintenir la capacité productive dans un contexte de raréfaction des ressources, de changement climatique et de vulnérabilité environnementale

La durabilité des ressources constitue un enjeu de tailleet pose des contraintes fortes pour le développement agricole: la situation des ressources nécessaire à une augmentation de la production s’annonce déjà critique à l’horizon 2020. Les ressources foncières sont de plus en plus menacées sous l’effet de l’urbanisation (surtout au Sud), l’accès équitable au foncier en particulier pour les petites exploitations familiales reste une question cruciale, la qualité des sols se dégrade (perte de fertilité, problème de la salinité des sols…). La zone méditerranéenne est particulièrement vulnérable au stress hydrique. Ce problème concerne en premier lieu les pays de la rive sud qui ne totalisent que 10% des ressources en eau de la Méditerranée contre 75% au Nord (Europe Latine et Balkans), 13% au Proche Orient (dont 10% pour la Turquie).

En matière de ressources naturelles cinq domaines prioritaires sont identifiés:

- L’amélioration de la gestion intégrée des ressources et de demande en eau

- La promotion de la petite et moyenne hydraulique, amélioration des infrastructures et le développement de cultures économes en eau

- La gestion plus rationnelle de l’énergie et l’utilisation accrue des énergies renouvelables

- Une politique maîtrisée de la gestion du foncier face au développement des villes, tourisme, transports

- La préservation de la biodiversité et le développement de cultures adaptées aux changements climatiques

2. Assurer la sécurité alimentaire à la fois quantitative et qualitative des populations

La région méditerranéenne présente actuellement un bilan globalement satisfaisant sur le plan de la qualité alimentaire quantitative mais montre une situation qui se dégrade sur le plan de la qualité et de la sureté alimentaire. Cette question majeure nécessite une approche qui implique tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Quelques pistes sont proposées pour encourager un système alimentaire qui intègre la durabilité écologique et la santé :

-  Construire des politiques globales et concertée pour la sécurité alimentaire avec le consommateur au cœur du dispositif

-  Intensifier la production tout en préservant la diversité biologique

-  La valorisation des produits traditionnels méditerranéens

-  Adapter les normes aux contextes locaux

3. Construire l’offre et la mise en marché des produits agricoles

L’organisation de l’offre et la mise en marché des produits constituent des contraintes fortes pour la construction d’une offre de qualité et compétitive méditerranéenne. Un scénario de renforcement de l’intégration régionale pour la construction d’une offre méditerranéenne fondée sur les complémentarités des productions et des marchés est proposée. Les principaux axes sont:

-  Construction de normes de qualité communes

-  Renforcement des dispositifs de coordination entre les différents acteurs de la filière

-  Renforcement des partenariats d’entreprises Sud-Sud et Nord-Sud par la création de réseaux d’acteurs économiques

-  Soutenir par des investissements financiers et des ressources humaines le tissu des PME

4. Elaborer de nouvelles stratégies de développement et de modes de gouvernance pour les territoires ruraux

5. Renforcer et mutualiser les capacités de recherche et de formation dans le secteur agricole et agro-alimentaire

- Favoriser le partenariat public-privé pour accroître l’employabilité

- Construire un espace euro-méditerranéen de la recherche en partant des besoins réels des pays

- Elaborer des dispositifs de diffusion des connaissances

- Promouvoir des technopôles et des pôles de compétitivité

Prospective PARME: Quelles recherches et quels partenariats pour la Méditerranée? (ANR/Agropolis international)

L’objectif de l’atelier de réflexion de prospective PARME (Partenariats et recherche en Méditerranée) coordonné par Agropolis International consistait à identifier les domaines de recherche et d’innovation qui nécessitent une coopération entre les pays du pourtour méditerranéen pour un développement durable de la région et à réfléchir aux modes opératoires susceptibles de favoriser cette coopération. L’analyse prospective, transversale et pluridisciplinaire des grands enjeux de la région à l’horizon 2030 a abouti à l’identification d’axes de recherche prioritaires dans trois grands domaines:

- Les hommes, les femmes, les sociétés et leurs territoires

- Les ressources naturelles

- L’agriculture, l’alimentation et la santé

Pour ces trois domaines des thèmes de recherche prioritaires ont été identifiés comme suit:

-  Dans le domaine des territoires: les questions majeures portent sur les vulnérabilités et les complémentarités des espaces urbains et ruraux et leurs modes de gouvernance, avec un regard particulier sur les espaces littoraux.

Dans le domaine des ressources naturelles, les principales préoccupations concernent la gestion adaptative des anthropo-écosystèmes, la préservation de la potentialité des sols, l'amélioration de la connaissance des ressources en eau et de leurs usages ainsi que la recherche d'une sécurité énergétique régionale minimisant l'empreinte environnementale.

Dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation et la santé, la problématique de la sécurité alimentaire quantitative, nutritionnelle et sanitaire, assurée par des systèmes de production durables, occupe une place centrale. Elle se décline au niveau des politiques agricoles, des systèmes de production, des filières de commercialisation et de la transformation des produits. Dans le domaine de la santé, les principales préoccupations concernent le développement spectaculaire des maladies non transmissibles liées aux modes de vie et à l'alimentation, et à leur prévention.

Des modes de partenariat sont proposés pour favoriser non seulement les coopérations scientifiques entre les équipes des pays du pourtour méditerranéen, mais aussi les dynamiques d'innovation, technique ou organisationnelle, impliquant les pouvoirs publics, les entreprises, les gestionnaires et la société civile.

3- Strategic stakes revealed[2]

The development of agriculture and rural areas in Southern and Eastern Mediterranean countries faces very serious challenges. This is well understood, as illustrated by the following statement from the meeting of the CIHEAM Ministers of Agriculture held in Malta in September 2012 (CIHEAM, 2012): “Current food consumption and production patterns are not sustainable in the Mediterranean basin due to biodiversity loss, degradation of natural resources, pesticide contamination, climate change, high energy and water consumption, dietary patterns and changes in eating habits, and high dependency on imports, as well as poverty and vulnerability of many rural and urban Mediterranean communities, and particularly the erosion of the Mediterranean diet”.

All the ingredients of the historical challenges faced today by Southern and Eastern Mediterranean countries (SEMCs)[i] in the field of agriculture and rural development are mentioned in this five-line summary. Another formulation of the problems faced by SEMCs has been well summarized by Bessaoud, quoting in particular a CIHEAM-AFD set of studies (Bessaoud & Montaigne, 2009; Bessaoud, 2013), and listing the major problems to be faced: “crisis of peasant agricultures, poverty and fragility of rural societies, advanced degradation of natural resources, major inequalities in the access to resources: land, finances and material”. Let us now first come back to each one of these main challenges, trying to be specific on their nature and magnitude.

1. Import Dependency

Although import dependency may not be the most important challenge to be concerned with, we discuss it here first because it is indeed a major structural feature of many countries, but mainly because it is the starting point of most projection and foresight analyses of the region[ii]. The main concern expressed then is that of a region depending on outside suppliers for the provision of its basic foodstuff. Actually, the region depends heavily on imports for only a few commodities in addition to tropical products which cannot be produced locally: cereals, sugar, oils and oilseeds, as well as dairy products. It is for cereals that the total import bill for the whole region is the largest (more than US$12 billion in recent years) in spite of Turkey often being a net cereal exporter. Given the importance of cereals in the diet of most people, particularly the poorest, this cereal import dependency is the source of a major concern with economic, social and political ramifications. The root cause of this concern is the awareness that the demand for cereals has been growing and will continue to do so - due mainly to demographic and economic growth - while there are serious constraints limiting the growth of domestic production.

As a result, IPEMED experts (Bourgeois et al., 2012) wrote at the very beginning of their report devoted to a proposal for a new Euro-Mediterranean agricultural and food policy: “In 2008, the agricultural and food import bill of the SEMCs reached the abyssal figure of 57 billion dollars, that is almost three times as much as in 2000… Food insecurity in the region unfortunately keeps growing and constitutes one of the factors of the unprecedented political crisis the SEMCs are going through.” A similar concern is expressed by Abis (2012), a keen observer of the geopolitical situation in the region, when he writes: “The dependency of the Mediterranean Arab countries on international markets is growing, as a consequence of a multidimensional regime of constraints (ecological, demographic, logistical) and of a stronger and stronger purchasing power of the population, having led to a major diversification of food demand. Between 1990 and 2010, the volume of agricultural imports of the four North African countries (Algeria, Egypt, Morocco and Tunisia) trebled, from 9 to 27 billion Euros. These sums represent a considerable share of public budgets” (Abis, 2012).